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LES VOYAGES

maison de campagne où il se retira. Le malheur l’y poursuivit. Quoiqu’il fût un excellent maître, son jardinier s’enfuit avec ses deux garçons, et il se trouva absolument seul avec sa femme, la belle Ida-né. Réduit à une affreuse misere, sans argent, sans amis (en a-t-on quand on est disgracié ?), il auroit supporté avec résignation son affreuse destinée, s’il eut pu y soustraire celle qu’il adoroit. Jamais passion ne fut mieux justifiée ; il n’existoit pas, dans tout l’empire du Milieu[1], une beauté plus accomplie. La régularité de ses traits n’ôtoit rien à l’expression de sa physionomie, et il étoit impossible aux meilleurs connoisseurs de décider si elle étoit plus

  1. Les Chinois appellent ainsi leur pays, cela est assez ridicule ; mais les Grecs n’avoient pas moins de vanité lorsqu’ils prétendoient que le mont Parnasse étoit le milieu de la terre.