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DE KANG-HI.

du ruisseau qui serpente lentement à travers les bosquets fleuris de nos jardins. Tous les jours se succedent paisibles et doux, car le soleil, en se levant, me rend la vue des objets de mon affection ; je retrouve mon mari, mes enfants, et ta fille, qui ne m’est pas moins chere. Hier cependant j’éprouvai une peine assez sensible : cette jolie caille que tu m’as laissée en partant, et que j’avois portée tout l’hiver dans ma manche pour m’échauffer les mains, a été malheureusement étouffée dans ma robe où elle étoit restée la nuit[1]. Je suis affligée

  1. L’on tire parti à la Chine de la chaleur des cailles, qui n’est ici que proverbiale ; les dames tartares et chinoises en font une espece de manchon vivant ; elles s’amusent aussi à les faire combattre dans un plateau à rebord, semblable aux cabarets où l’on met des tasses. On voit également des vieillards qui portent en hiver des cailles dans leurs manches.