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DE KANG-HI.

tion de l’esprit peut en faire jaillir de plus grandes beautés. Ainsi l’arc lance d’autant plus loin la fleche qu’il est plus tendu.

Il est également vrai que les spectateurs sont naturellement disposés à s’intéresser aux actions des princes et de ces grands personnages dont les déterminations ont tant d’influence sur la destinée des peuples. Les efforts inutiles d’un souverain à qui rien ne résiste, et qui ne peut réprimer les mouvements de son propre cœur, plaisent au commun des hommes : le contraste de tant de puissance et de tant de foiblesse offre un dédommagement secret à l’amour-propre, qui pardonne rarement au pouvoir ; et cependant les ames douces et sensibles déplorent sincèrement les miseres royales ; elles se sentent plus