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LES VOYAGES

mes idées : je conçois aujourd’hui qu’il peut y avoir quelque chose de bien doux à vivre dans la dépendance absolue de ce que l’on aime : ce n’est réellement que dans la retraite que, libre de soins et de devoirs, on peut se concentrer dans son amour. Là, nulle autre pensée ne se présente à l’esprit, nul autre sentiment ne vient nous distraire le cœur : la vie est en France trop agitée ; la parure, la société, les affaires, et ce que l’on nomme les plaisirs, prennent tout le temps ; il n’en reste pas pour le bonheur ; et les hommes, mon cher Kang-hi, les hommes, plus légers encore qu’inconstants, plus vains que frivoles, cherchent l’éclat et le bruit ; ambitieux, c’est la conquête qui les flatte, ils veulent plutôt vaincre que régner. — Vous m’étonnez, madame, si dans l’Orient les femmes, qui doivent tout