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JUILLET-SEPTEMBRE 1923.

kotta nous conduirait donc vers le Haut-Bengale ; on se demande par quelle erreur d’information Ptolémée aurait été amené à porter Tosalï (Tôsalei, Tôsalë) et Trilinga (Trilingon ) à Test du cours du Gange. Et cependant Ptolémée n’était pas sans connaître l’importance de Tosalï, puisqu’il la qualifie de capitale (mëtropolis).

Quoi qu’il en soit, il demeure certain que Tosalï était située dans le district de Cuttack, en Orissa, et que le village actuel de DhauH est établi sur un emplacement voisin ou identique. On peut dès lors se demander si le nom même de Dhauli ne recouvre pas l’ancien nom de Tosalï ; les deux noms assonent si étrangement que le hasard semble être hors de cause. Le passage de Tosalï à Dhauli n’est pas une impossibilité phonétique. La sifflante intervocalique du sanscrit peut, et dans certains cas doit, se changer en une simple aspiration dans les pracrits (Pischel, § 26/1) ; témoin diaha = divasa, et mieux encore dûhala à côté de dûsara « malheureux » =* duhsara. Si Tosalï a pu de même aboutir à Tohalï (1), ce nom inintelligible a pu suggérer Uhaulï <da blanche». Toutefois, il faut le reconnaître, l’ouverture de s intervocalique n’est fréquente que dans le groupe Nord-Ouest : sindhi, penjabi, kasmiri ; elle est plus rare déjà en guzrati et dans le Rajpoutana (Jules Bloch, Langue marathe, § 160). Mais la phonétique des noms de lieux laisse la porte largement ouverte à la fantaisie.

Un texte qui n’a pas encore été signalé aidera peut-être à résoudre sur place le problème du site de Tosalï ; je l’ai rencontré dans le Gandavyûha. Le Gandavyûha est un ouvrage bouddhique, en sanscrit, conservé au Népal, et encore inédit ; Râj. Mitra en a donné une analyse dans son Gatalogue, The

(1) Je signale, sans prétendre en tirer argument, que Varâha Mihïra, Brk. S., XIV, 27, classe parmi les populations du Nord, à côté des Hùna, les Kohala auxquels le texte suivi par le commentateur Utpala substitue les Kos’ala.