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PRÉ-ARYEN ET PRÉ-DRAVIDIEN DANS L’INDE.

le parler est indistinct, sans clarté, rude, tout plein de la lettre r :

Karmaraṅgākhyadvīpeṣu Nāḍikerasamudbhave
dvīpe Vāruṣake caiva NagnaBalisamudbhave
Yavadvīpe vā sattvṣu tadanyadvīpasamudbhavā
vācā rakārabahulā tu vācā asphutatāth gatā
avyaktā niṣṭurā caiva sakrodhapretayoniṣu

Éd. Ganapati, II, p. 332.

Je ne m’arrêterai pas ici sur tant de noms si importants pour l’étude de l’Archipel Indien ; j’en ai déjà fait l’objet d’une communication à la Société asiatique (J. A., 1921, I, 332), que je me propose de publier ultérieurement. La traduction chinoise omet dans ce passage le nom du Karmaraṅga. La traduction tibétaine (éd. de Pékin, p. 197a) donne comme équivalent las chon = « action-couleur » ; c’est la traduction littérale des deux mots karma (action) et raṅga (couleur), qu’on a cru reconnaître à l’analyse dans ce nom de pays, La forme du root Karmaraṅga, avec ses deux r, atteste la fréquence du son r dans ce groupe de langages. Le son r s’est substitué à l de laṅka et s’est introduit dans le premier élément. Le mot, du reste, n’est pas complètement isolé. Bâna, dans le Harçacarita, mentionne deux fois, au cours du chapitre vu, les boucliers de Karmaraṅga ; édit. Nirnayasagar, p. 232 : les guerriers qui entourent Har§a portent comme des parures des boucliers en cuir du Karmaraṅga, ronds et multicolores °kirmîrakârmaraṅgacarmamaṇḍalamaṇḍan° ; ibid., p. 243, parmi les présents envoyés par le roi du Kāmarūpa, figurent des boucliers en cuir du Karmaraṅga ondulés de dessins tracés par la splendeur de l’or, avec des rebords ravissants : rucirakâncanapattrabhaih gabhahgarâ’Qâm atibandhuraparivesânâm kârtnarahgacarmanâm sambhârân. L’édition du Cachemire a la lecture kārmaraṅga ; les textes de Bombay suivis par Cowell dans sa traduction,