Siksânanda et Prâjna transcrivent le nom de la ville 都薩羅 tou-sa-lo ; Buddhabhadra le traduit par 知足 tche-tsou, qui sert d’équivalent au mot samtusta «satisfait» dans la Mahâvyutpatti, 145, 9. Buddhabhadra a cru reconnaître dans le nom de Tosala la racine tus «contenter» ; en fait, les manuscrits sanscrits du Gandavyûha que j’ai examinés portent alternativement, dans l’intérieur de ce seul passage, les formes Tosala, Tosala et même Tosara. Buddhabhadra ne donne pas le nom de la montagne ; il dit seulement : «au Nord de cette ville, il y a une montagne qui brille et resplendit comme le soleil levant». Siksânanda et Prâjna s’accordent d’une manière assez inattendue à placer la montagne «à l’Est de la ville» ; tous deux traduisent le nom en chinois ; éiksânanda donne 善德 chen-tō « bonne vertu » qui suppose un sanscrit suguna, Prâjna traduit 妙吉祥 miao ki siang « merveilleux auspices » qui est un des équivalents du nom de Manjusrï. Il semble que sur ce point d’onomastique locale, le manuscrit officiel du roi d’Orissa, qui sert de base à la traduction de Prâjna, doit faire foi. Une enquête sur place résoudra peut-être la question.
Il n’est pas inutile d’observer que la plupart des noms propres appartenant au type que nous étudions ici n’ont jamais réussi à prendre, dans l’usage graphique, une forme stable et constante ; leur apparence garde toujours un aspect qui déconcerte les scribes. La sifflante dentale des mots Kosala et Tosala, maintenue en position intérieure à la suite d’une voyelle 0, est une sorte de défi aux lois rigoureuses de la grammaire sanskrite qui exige dans ce cas la modification de la dentale (s) en cérébrale (s). A«ssi la forme kosala, avec une sifflante palatale, a tendu à se généraliser dans l’usage ; elle avait l’avantage d’esquiver la difficulté ; elle avait l’avantage, plus appréciable encore, de ramener cet ethnique embarrassant à une famille de mots usuels, kosa, kusa, husala, qui présentent la sifflante palatale. Tosala n’a pas été moins tor-