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La Maison Franco-Japonaise, née d’un élan de rapprochement spontané entre deux grands peuples, est vouée par son origine à une double activité : introduire au Japon une connaissance plus exacte et plus complète de la France contemporaine, si souvent ignorée, méconnue ou calomniée ; répandre en France, et par le véhicule de la langue française, dans le monde occidental, une représentation plus réelle et plus juste de ce Japon qu’une tradition tenace s’obstine à peindre avec des couleurs artificielles à l’usage de l’Occident. Pour réaliser ce programme, nous nous proposons entre autres tâches de publier en fascicules intermittents, sans aucune astreinte de périodicité, des bulletins d’informations traitant chacun d’une question spéciale dans les ordres les plus divers, au hasard des collaborations disponibles ou des sujets recommandés par l’actualité. Le personnel de la Maison Franco-Japonaise, même dans les conditions les plus favorables, ne sera jamais assez nombreux pour couvrir toute l’étendue de la vie contemporaine au Japon dans toutes ses manifestations : sciences, arts, littérature, philologie, histoire, croyances, industrie, commerce etc. Il est permis d’espérer toutefois que des exemples bien choisis pourront, comme des coups de sonde au fond d’un océan, donner un aperçu de l’ensemble aux esprits curieux de savoir et de comprendre.

Appelé à inaugurer cette série, j’ai naturellement porté mon attention sur les études bouddhiques où je me suis engagé depuis longtemps. On m’excusera de rappeler ici, comme une sorte de symbole anticipé de l’œuvre à laquelle j’ai l’honneur de participer aujourd’hui, que mes premiers élèves japonais, Fujishima (Ryôon) 藤島了穏 et Fujiéda (Takutsuû) 藤枝澤通 envoyés à Paris par le Nishi-Honganji pour y recevoir mes leçons en 1887, m’ont mis en contact avec le bouddhisme japonais il y a quarante ans déjà. Le petit livre de R. Fujishima : Les Douze Sectes Bouddhiques du Japon, publié à Paris en mars 1888, est le premier témoignage du rapprochement, qui s’est toujours fait plus intime depuis, entre les bouddhisants de la France