Page:Lévi - Mahayana-Sutralamkara, tome 2.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
CHAPITRE VII

8. Il devient capable de mûrir les êtres, comme l’oiseau naît avec des ailes ; il reçoit un éloge considérable du Bouddha, et sa parole est agréable aux créatures.

Il montre une triple Application : application de force à permûrir les créatures ; application d’éloge ; application d’agrément de la parole.

Sens de fonction ; un vers.

9. Les six Super-savoirs, la triple science, les huit Libérations, les huit Suprématies, les dix Lieux de Totalité, les Unions sans nombre, voilà le Pouvoir qui appartient au Sage[1].

Le Pouvoir du Bodhisattva fonctionne en six manières : Supersavoirs, sciences, Libérations, Lieux-de-Suprématie, Lieux-de-Totalité, innombrables Unions.

Ayant ainsi montré le Pouvoir par un Indice de section à six Sens, il en magnifie la grandeur dans un vers.

10. Il a par une Maîtrise suprême acquis la Compréhension ; il a remis sous son empire le monde, qui ne se possédait plus ; il ne se plaît qu’à faire le salut des êtres ; il marche dans les existences comme un lion, le Sage.

Il montre la triple grandeur : grandeur de Maîtrise, puisqu’il a obtenu la Maîtrise suprême de la connaissance, et qu’il rend l’empire de soi au monde, qui était soumis à l’empire des Souillures ; — grandeur de sur-joie, puisqu’il se plaît toujours uniquement à faire le salut d’autrui ; — grandeur d’être affranchi de la crainte des existences.


  1. Il est inutile de donner ici tout au long l’énumération des vidyâ, vimokṣa, abhibhvâyatana, kṛtsnâyatana qui n’intéressent pas directement la doctrine de notre texte. Je me contente de renvoyer à la M. Vy., § 70 (vimokṣa), § 71 (abhibhv°), § 72 (kṛtsnây°). J’ignore ce qu’Asaṅga désigne ici par trividha vidyâ. En pali, les « trois sciences » tisso vijjâ sont ou bien la connaissance des trois vérités fondamentales, impermanence-douleur-impersonnalité, ou bien trois des six abhijñâ : pûrvanivâsa, divyacakṣus, âsravakṣanya. Cette dernière série est commune au pali et au sanscrit ; elle est enseignée dans un sutta de l’Aṅguttara I, 163 dont le correspondant se retrouve dans le Saṃyuktâgama, chap. 31 (éd. Tôk., XIII, 3, 83a).