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CHAPITRE IV

pada comme un bruit de joie, puisqu’elle est plaisante à entendre pour les Disciplinables qui désirent la Délivrance. Accompagnée par le chemin au Passage-uniforme, elle ressemble au courant d’un fleuve, puisqu’elle coule d’elle-même au moment d’obtenir la Patience des Idéaux Sans-production. Le Passage-uniforme reçoit ce nom parce que tous les Bodhisattvas, quand ils se trouvent dans la Terre afférente, ont à accomplir exactement la même tâche. Accompagnée par l’habileté aux moyens, elle ressemble à un nuage, puisque l’accomplissement du Sens de toutes les créatures dépend d’elle, étant donné qu’elle leur exhibe le séjour au ciel Tuṣita, etc., comme du nuage dépendent les plénitudes du monde entier des Récipients[1]. Et il faut bien comprendre que ces vingt et deux Productions de Pensée sont d’accord avec la doctrine de l’Inépuisement dans l’Akṣayamati sûtra.

Un vers pour condamner le manque de Production de Pensée.

21. Penser au Sens d’autrui, atteindre les moyens afférents, voir le grand Sens d’arrière-Pensée, voir bien le Positif : les gens à qui manque le lever de la précieuse Pensée iront à la Pacification sans avoir ce bonheur !

Les créatures dépourvues de cette Production de Pensée ne recueillent pas quatre sortes de bonheur que les Bodhisattvas possèdent : bonheur qui vient de penser au Sens d’autrui ; bonheur qui vient d’atteindre les moyens afférents au Sens d’autrui ;

    pada ; le canon chinois qui conserve plusieurs traductions de diverses recensions sanscrites du même recueil lui assigne comme auteur ce même Dharmatrâta. Il est donc possible que dans l’énumération traditionnelle sûtra-uddâna-gâthâ-nipâta (inf. XI, 9), uddâna (au lieu de l’ordinaire udâna) se réfère au correspondant sanscrit du Dhammapada (aujourd’hui connu grâce aux découvertes de l’expédition allemande à Tourfan). — 2° uddâna « sommaire, résumé ». Les deux mots, complètement séparés par leurs origines (udâna, de ud-an ; uddâna, de ud-dâ), ont pu arriver assez facilement à se confondre, car certains des apophtegmes (udâna) du Bouddha ont paru contenir en résumé (uddâna) toute la doctrine. Ces apophtegmes sont au nombre de quatre (inf. XI, 68, et XVIII, 80 : dharmoddâna-catuṣṭaya) ; ils affirment l’impermanence (anityâḥ sarvasaṃskârâḥ), la douleur (duḥkhâḥ), l’impersonnalité (sarvadharma anâtmânaḥ), le Nirvâṇa (çantam nirvânam). — Il faut bien les distinguer d’un autre udâna fameux, qui contient aussi quatre termes où la doctrine est résumée d’un autre point de vue : anityâ bata saṃskârâḥ, etc… La forme pâlie se rencontre à la fin du Mahâsudassana (Dîgha N. XVII) et dans le Mahâparinibbâna (ib. XVI, 6, 10). La forme sanscrite a été retrouvée sur un rocher du Svat (Ep. Ind. IV, 134).

  1. Bhâjana-loka. Asaṅga désigne ainsi « le monde inanimé », par opposition à sattva-loka « le monde des vivants ». Cf. VII, 7 ; XIX, 49, 55, 56.