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CHAPITRE III

Un vers sur l’Indice.

4. Naturelle, fortifiée, Fond, fondée, être, non-être, la Famille doit son nom à sa fécondité en vertus.

Ce vers montre quatre divisions de la Famille : elle est respectivement à l’état de nature, en parfait achèvement, à l’état de Fond, ou à l’état de chose fondée. En tant que cause, elle est ; en tant que fruit, elle n’est pas. Le nom de la Famille (gotra) s’explique par guṇa « vertu » et uttârana « faire sortir », car elle est féconde en vertus.

Un vers sur la Marque.

5. La Marque[1] qui se constate dans la Famille, c’est la comparaison, la Croyance, la Patience, par emploi initial, et l’accomplissement du bien.

Quatre Marques se constatent dans la Famille des Bodhisattvas ; par suite de leur emploi dès le début : la compassion pour les êtres, la Croyance à l’Idéal du Grand Véhicule ; la Patience aux épreuves, c’est-à-dire l’énergie à les supporter ; l’accomplissement du bien, lequel consiste dans les Perfections. Un vers sur le classement.

6. La Famille est définitive, pas définitive, imperdable, perdable au gré des Rencontres ; voilà en résumé les quatre divisions de la Famille.

En résumé, la Famille a quatre divisions : elle est définitive ou non, et respectivement imperdable ou perdable au gré des Rencontres.

    Au lieu d’anupadhiçeṣa, le pâli dit : anupâdisesa. Les commentateurs considèrent le mot upâdi comme un dérivé du verbe upâdâ « s’attribuer, tirer à soi » et ils l’interprètent comme un nom des cinq skandha. Leur interprétation concorde donc exactement avec celle du mot upadhi (dans anupadhiçeṣa) chez les traducteurs tibétains, dociles eux-mêmes à la tradition des écoles indiennes. Le Nirvaṇa anupadhiçeṣa est précédé par le Nirvaṇa sopadhiçeṣa ou upadhiçeṣa « avec un reste de matériel » ; c’est le stage où l’Arhat, sorti définitivement du péché et de l’erreur, épuise encore le reste de vie corporelle que lui impose son arriéré de karman.

  1. Liṅga « marque extérieure, insigne, emblème ». On connaît bien ce mot comme l’équivalent indien du phallus, « l’emblème de la virilité ». Le liṅga se différencie ainsi du lakṣaṇa, que je rends par « Indice » et qui désigne les caractères intimes, inhérents par définition à l’être et attachés au fond même de sa nature.