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CHAPITRE III

de pareille espèce, il en résulte que la Famille est diverse dans les trois Véhicules. La diversité de la Croyance se constate aussi chez les êtres ; tel ou tel croit dès le début à tel ou tel Véhicule ; le fait ne se produirait pas sans la diversité de Famille. Puis, une fois que la Croyance a été provoquée par une Rencontre[1], on constate la diversité d’Initiative : un tel avance, un tel n’avance pas ; le fait ne se produirait pas sans la diversité de Famille. La diversité de fruit se constate aussi : l’illumination est inférieure, médiocre, supérieure ; le fait ne se produirait pas sans la diversité de Famille ; car le fruit correspond à la semence.

Un vers sur le rang capital.

3. Le rang capital de la Famille est établi parce qu’elle est Signe[2] de poussée, de totalité, de grandeur de Sens, de durée à jamais du Bien.

    famille des myrobalans. Le chinois d’autre part précise le sujet du sûtra « le sûtra des dhâtu nombreux ». Le Majjhima Nikâya (115) et le Madhyama Âgama (181 ; chap. 47, n° 10) contiennent un sûtra identique intitulé Bahu-dhâtuka ; ce sûtra donne de nombreuses classifications des dhâtu, et il pourrait sembler le texte visé ici ; mais il n’y est aucunement question d’un « tas de myrobalans ». Le pâli parle d’une maison d’herbes ou de roseaux ; le chinois, d’un « tas de roseaux ». La mention de l’akṣa doit se référer aux fruits du myrobalan qui servent de dés à jouer.

  1. Pratyaya. Sans entrer dans un exposé détaillé de la théorie de la Causalité dans le bouddhisme, il faut cependant marquer la valeur des termes. Le pratyaya est l’exposant commun des rapports de causalité, rapports répartis sous quatre rubriques (M. Vy. 115) : hetu pr°, samanantara pr°, âlambana pr°, adhipati pr°. Pratyaya, par son étymologie même, indique simplement la rencontre de deux termes : hetum anyaṃ praty ayate gacchâtiti itarasahakâribhir milito hetuḥ pratyayaḥ. (V. les textes réunis ou rappelés par Lavallée-Poussin, Madh. v. 76 sq. n. 7.)

    Le tibétain le rend bien par rkyen qui signifie exactement « rencontre, occurrence » avec tous les sens secondaires qui s’en développent. L’équivalent chinois yuen a aussi la même valeur initiale, avec le même développement de sens.

  2. Nimitta. Le mot signifie au propre « la cible » et ensuite « signe, présage et aussi « cause déterminante » ou « cause efficiente ». La traduction tibétaine rend parfaitement la double idée contenue dans ce mot : rgyu-mchan ; rgyu signifie « la cause » (hetu), mchan « le signe » (lakṣaṇa). En effet nimitta est bien le signe en tant que cause. Le chinois n’a pas d’expression particulière ; il substitue à nimitta le mot yin qui désigne au propre la cause « hetu ». Le signe est par excellence une cause d’erreur, puisqu’il implique dualité ; le signe suppose la chose signifiée. Aussi les états transcendants sont-ils en dehors des signes, animitta ; p. ex. XIV, 35 ; XVIII, 47.