Page:Lévi - Mahayana-Sutralamkara, tome 2.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
LES PREUVES DU GRAND VÉHICULE

dans les Pouvoirs[1] y fait travailler. Par la prédication en profondeur, l’indifférenciation se produit. Donc la prédication de ce couple se trouve dans le Grand Véhicule, et il est le moyen pour arriver à la connaissance insurpassable, puisque par l’une et par l’autre respectivement il fait per-mûrir les créatures et il per-mûrit les Idéaux des Bouddhas[2] pour lui-même.

Quant à ceux que cette doctrine effraie, il leur montre en un vers qu’ils ont tort de s’effrayer hors de propos, et pourquoi.

14. Si on s’en effraie hors de propos, il en cuira, puisqu’il en résultera une énorme accumulation de démérites pour un long temps. Qui n’est pas de la Famille[3], qui n’a pas de vrais amis, qui n’a pas l’esprit façonné, qui n’a pas accumulé d’avance les mérites, à celui-là de s’effrayer en présence de cet Idéal : il est déchu d’un grand Sens, étant ici-bas.

(Analyse du composé tadasthânatrâsa.) Il en cuira, dans les états de damnation. Et pourquoi ? Parce qu’il en résultera une énorme accumulation de démérites. Pour combien de temps ? Pour un long temps. Voilà le tort à subir plus tard, et pour quelle cause, et combien de temps. Qu’est-ce donc, s’il y a vraiment lieu de s’effrayer ? En réponse à cette réflexion, il montre les quatre raisons de s’effrayer : 1° si on n’est pas de la Famille ; 2° si on n’a pas de vrais amis ; 3° si on n’a pas l’esprit bien au clair touchant l’Idéalité du Grand Véhicule ; 4° si on n’a pas d’avance accumulé les mérites. « Il est déchu d’un grand Sens », c’est-à-dire du Sens des Provisions de la Grande Illumination. Il montre ainsi un autre tort qui consiste dans la perte par manque de gain.

    tenté de considérer comme l’origine de l’expression une formation adverbiale adhimukti, parallèle à adhyâtmaṃ, adhibhûtaṃ, et qui signifierait : « ayant trait à la délivrance, de l’ordre de la délivrance ». La Terre de préparation des Bodhisattvas est appelée « la Terre de Conduite par Croyance » (adhimukticaryâ-bhûmi) ; v. inf. IV, 2 ; VIII, 22, etc. Elle est constituée de quatre éléments qui permettent d’analyser la notion d’adhimukti (M. Vg. § 32) : âlokalâbha « obtenir la clarté » ; [pour l’âloka, cf. inf. XI, 42, et XIV, 24] ; âlokavṛddhi « augmentation de la Clarté » ; tattvârthaikadeçâniipraveça « s’insinuer dans une portion du sens du Positif » [v. inf. I, 16] ; ânantaryasamâdhi « recueillement de l’état sans-interruption » [v. inf. XIV, 26-27].

  1. Prabhâva. Le terme est défini inf. VII, 1 sqq.
  2. Buddhadharma. Ce sont les dharma spéciaux aux Bouddhas, tels que les forces (bala), les bravoures (vaiçâradya), etc. ; ils sont célébrés dans l’hymne final XX-XXI, 43, sqq.
  3. Gotra. V. inf. III, 1.