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LES PREUVES DU GRAND VÉHICULE

ainsi du Grand Véhicule puisqu’il enseigne que tous les Idéaux n’ont pas de Nature-propre. Donc il n’est pas la parole du Bouddha. — Il montre dans un vers qu’il n’y a pas de contradiction d’Indices.

11. Le Grand Véhicule paraît dans le Sûtra qui lui est propre ; il se montre dans le Vinaya de son ressort propre ; par suite de la sublimité et la profondeur[1], l’Idéalité[2] n’y contredit pas. Que montre-t-il par ce vers ? Il figure dans le Sûtra qui lui est propre, le Sûtra du Grand Véhicule ; il se montre dans le Vinaya[3] de la Souillure qui lui est propre, ce qu’on appelle dans le Grand Véhicule la Souillure des Bodhisattvas. En effet les Bodhisattvas ont comme Souillure la différenciation. Enfin, puisqu’il a la sublimité et la profondeur pour Indices, il ne va pas à l’encontre de l’Idéalité, car il est l’Idéalité qui mène à la Grande Illumination. Ainsi il n’y a pas contradiction d’Indices.

À propos de l’argument : « Hors de portée » [v. 7], un vers pour établir que le Grand Véhicule est hors de la portée de la Dialectique.

12. La Dialectique a un soubassement ; elle n’a rien de définitif ; elle manque d’extension ; elle est contingente ; elle se fatigue ; elle a pour Fond les esprits puérils ; donc le Grand Véhicule n’est pas son domaine.

En effet la Dialectique, ayant pour Fond ceux qui ne sont pas des Voit-vérités[4], a pour soubassement, dans une certaine mesure,

  1. Audârya ; gâmbhîrya. Ce sont les caractères par lesquels le Mahâyâna prétend se définir, par opposition au Hînayâna.
  2. Dharmatâ. Le suffixe °tâ correspond par sa forme et sa valeur au suffixe latin °tâs. L’équivalent de Dharmatâ serait donc le barbarisme legitas ; c’est la propriété qu’a le Dharma d’être ce qu’il est, et non autrement ; ou encore c’est la notion abstraite du Dharma, en dehors des dharma où elle se réalise.
  3. Tandis que le Hinayâna désigne sous le nom de Vinaya le recueil des prescriptions touchant la vie monastique, qui sont la règle universelle des couvents, le Mahâyâna classe sous cette rubrique des traités de discipline morale et de discipline mystique. V. p. ex. la liste des ouvrages qui forment le Vinayapiṭaka du Mahâyâna dans le Canon chinois.
  4. Dṛṣṭasatya. C’est un état défini de la vie religieuse, qui suit la simple adhésion par la récitation des trois Refuges. Le dṛṣṭa-satya voit les quatre vérités sublimes enseignées par le Bouddha (cf. inf. XI, 55 sqq.). Mais le tibétain a lu autrement ; il traduit : rtog-ge de kho na ñid ma mthoṅ ba la brten pa ni luṅ ćuṅ zad la rten pa yin no. « Le raisonnement, appuyé sur