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LES PREUVES DU GRAND VÉHICULE

paroles[1] et sa nature, si le Sens en est assidûment analysé, produit un contentement tout particulier et devient alors orné en quelque sorte par le fait du contentement qu’il a donné aux bons esprits. Ensuite il montre, en trois vers, trois Avantages[2] dans cet Idéal en vue d’inspirer le respect.

4. Comme un remède acre à l’odorat et suave au goût, l’Idéal a deux aspects, et le Sens n’en est pas à connaître d’après la lettre.

5. Comme un roi difficile à gagner, tel cet Idéal, étendu, touffu, profond ; mais quand on a gagné ses faveurs, on en reçoit un trésor de vertus.

6. Comme une pierrerie authentique, inestimable[3], ne donne pas de satisfaction si on n’est pas connaisseur ; ainsi cet Idéal, si on n’est pas intelligent ; au cas contraire, il satisfait tout comme la pierrerie.

L’Idéal a trois avantages. En tant qu’il fait rejeter les Obstructions[4], il est comparable au remède. Il a deux aspects, c’est-à-dire la lettre et le Sens. En tant qu’il cause les Maîtrises[5], puisqu’il donne la libre disposition de vertus toutes particulières telles que les Super-savoirs[6], etc., il est comparable à un roi. En

  1. Subhâṣita, remplacé dans le vers par le synonyme sûkta, est l’expression propre pour désigner les Paroles du Bouddha.
  2. Anuçaṃsa. Terme spécialement bouddhique ; tib. phan-yon ; chin. kong-tö.
  3. Le tibétain porte : rin thaṅ med « sans prix » ; il faut donc au lieu d’anarthaṃ, lire anarghaṃ. — Même correction, p. 3, l. 2 du texte.
  4. Âvaraṇa, tib. sgrib-pa « obscurcissement », chinois tchang « digue, obstruction ». Le plus souvent on en compte deux : kleçav° « enveloppe de souillure », les fautes de l’ordre moral, et jñeyâv° « enveloppe de connaissable », les fautes de l’ordre intellectuel. Mais notre texte en donne encore d’autres énumérations, p. ex. XII, 20, liste de huit « obstructions » : buddhe ’vajñâv° « mépris pour le Bouddha » ; dharme ’vajnâv° « mépris pour l’idéal » ; kauçîdyâv° « paresse » ; alpamâtra-saṃtuṣṭyâv° « se contenter de trop peu » ; râgacaritâv° « conduite par passion » ; mânacaritâv° « conduite par sentiment personnel » ; kaukṛtyâv° « repentance » ; aniyatabhedâv° « section de ce qui n’est pas définitif ». La liste des cinq sgrib-pa donnée par S. C. Das s. v., d’après les sources tibétaines correspond aux cinq âvaraṇa du pâli : kâmacchando av°, byapâdo âv°, thinamiddham âv°, uddhaccakukkuccam âv°, vicikicchâ âv°, p. ex. Saṃy. Nik. V, 94.
  5. Vibhutva. V. inf. IX, 38-48.
  6. Abhijnâ V. inf. VII, 1.