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CHAPITRE IX

Ces trois corps sont sans différence aucune chez tous les Bouddhas à trois titres respectivement : 1° le Fond, puisque le Plan des Idéaux est indivis ; 2° la Tendance, puisqu’il n’y a pas de Tendance particulière à un Bouddha ; 3° l’Acte, puisque l’acte leur est commun. Et dans ces trois corps il y a une triple permanence respectivement, puisqu’on appelle les Tathâgatas des corps permanents : 1° permanence par nature, puisque le corps Essentiel est permanent par son Essence ; 2° permanence par indéfection, puisque le corps Passionnel fait sans interruption la Passibilité des Idéaux ; 3° permanence par liaison, puisque le corps Métamorphique, une fois qu’il a disparu[1], recommence encore et encore à montrer des métamorphoses.

Dix vers sur la connaissance des Bouddhas.

67. La connaissance de Miroir est immobile ; trois connaissances l’ont pour Fond : d’Égalité, de Perspicacité, d’accomplissement de l’office[2].

Les Bouddhas ont quatre connaissances : de Miroir, d’égalité, de Perspicacité, d’accomplissement de l’office. La connaissance de Miroir est immobile ; les trois autres qui s’y fondent sont mobiles.

68. La connaissance de Miroir est sans-moi-ni-mien, sans limite, toujours en suite, sans confusion à l’égard de tous les connaissables, sans être jamais en face d’eux.

La connaissance de Miroir n’a ni moi ni mien ; elle est sans limite au point de vue du lieu, toujours en suite au point de vue du temps. Elle n’a jamais de confusion à l’égard de tous les connaissables, puisque les Obstructions ont disparu, et elle n’est jamais en face d’eux, puisqu’elle n’a pas d’aspect.

  1. Au lieu de nairmâṇikasyântarvyaye, lire °ntardhâya.
  2. Même liste des quatre connaissances dans M. Vy., § 5. La version chinoise ajoute que l’âdarçajñâna « connaissance du miroir » est obtenue par la révolution (parâvṛtti) du 8e vijñâna (c.-à-d. l’âlayavijñâna « sensation du tréfond ») ; le samatâjñâna « connaissance d’égalité » par la révolution du 7e (c.-à-d. le kliṣṭamanovijñâna « sensation de l’esprit souillé ») ; le pratyavekṣâjñâna « connaissance de perspicacité » par la révolution du 6° (c.-à-d. le manovijñâna « sensation de l’esprit ») ; enfin le kṛtyânuṣṭhânajñâna « connaissance d’accomplissement de l’office » par la révolution du 5e (c.-à-d. le kâyavijñâna « la sensation du corps »).