23. Dans la Vacuité toute pure, les Bouddhas, qui ont par l’Impersonnalité trouvé la Voie, trouvent la pureté de la Personne et arrivent ainsi à la grandeur de la Personne.
Ici il indique la Personne par excellence des Bouddhas dans le Plan Sans-Écoulement[1]. Pourquoi donc ? Parce que leur Personne consiste dans l’Impersonnalité capitale. L’Impersonnalité capitale, c’est la Quiddité toute pure, et elle est la Personne, au Sens de nature-propre, des Bouddhas. Quand elle est toute pure, les Bouddhas arrivent à l’Impersonnalité capitale, qui est la Personne toute pure. Arrivés à la Personne toute pure, les Bouddhas arrivent à la grandeur de la Personne. Et c’est avec cette Arrière-pensée que la Personne par excellence des Bouddhas est classée dans le Plan Sans-Écoulement.
24. C’est pourquoi il est dit que la Bouddhaté n’est ni l’existence ni la non-existence ; aussi, la question du Bouddha étant ainsi posée, il n’y a pas eu de dogme prononcé[2].
C’est pourquoi il n’est pas dit de la Bouddhaté quelle est l’existence, puisqu’elle a pour Indice l’inexistence de l’Individu et de l’Idéal, et que c’est là son essence même. Il n’est pas dit qu’elle est la non-existence, puisqu’elle existe en tant qu’elle a pour Indice la Quiddité. Ainsi la question étant posée de savoir si le Bouddha existe ou non : « Le Tathâgata existe-t-il après la mort, ou non ? etc. » il n’y a pas eu de dogme prononcé.
25. Comme la combustion s’apaise au fer, et les ténèbres à la vision, ainsi dans la connaissance spirituelle des Bouddhas, il n’y a ni existence ni non-existence canonique.
- ↑ Anâsrava. L’ « écoulement » « âsrava est le mouvement qui porte la pensée à se répandre, comme une eau qui fuit, vers les choses du dehors. La traduction tibétaine źag pa et le chinois leou conservent bien la valeur métaphorique de l’expression. On compte quatre âsrava : kâma « désir » ; bhava « devenir » ; avidyâ « inscience » ; dṛṣṭi « vue ». Au XI, 43, l’anâsrava-dhâtu est déclaré identique à « la famille des saints » âryagotra, et, dans le vers suivant (44), à la « libération » vimukti, c’est-à-dire à « la disparition absolue de toute susception, individualité ou idéal ».
- ↑ La question est posée et discutée Saṃyutta N. II, 222 = Saṃyuktâgama, vers. chin. (Nj. 544 ; Tôk. XIII, 3, 103 b). L’original sanscrit correspondant a été retrouvé par la mission Grünwedel (v. Le Saṃyuktâgama sanscrit et les feuillets Grünwedel dans T’oung-Pao, 1904).