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LA PER-MATURATION

deux sortes de faveurs, il n’est point rassasié des vertus toujours égales du Don.

Il fait mûrir par trois sortes de Dons : en donnant tout ce qu’il a, corps et biens ; en donnant sans inégalité ; en donnant sans en avoir jamais assez. Comment fait-il per-mûrir ? Par une faveur de vie présente et une faveur de vie future[1], en remplissant les désirs des êtres sans aucune indigence, et quand il les a Rapprochés par là, en les affermissant dans le bien.

Par quelle sorte de Moralité et comment per-mûrit-il les créatures ? Un vers.

17. Toujours archi-Innocent par nature, satisfait en soi, sans Négligence, y introduisant autrui, rendant service à autrui par transmission de deux façons, il fait mûrir par la vertu de la Concoction et de la Coulée.

Sa Moralité est de cinq sortes : moralité fixe ; moralité de nature ; moralité complète puisqu’il est archi-Innocent. Archi-Innocent veut dire Innocent complet, puisqu’il parachève les dix Sentiers-d’Actes de Bien[2]. Comme il est dit dans la Seconde Terre. Moralité d’Acquis, puisqu’il se plaît en soi. Moralité sans Achoppement et sans interruption, puisqu’il n’a pas de négligence. Et comment fait-il per-mûrir ? En installant dans la Moralité, par l’accomplissement de deux sortes de faveurs : dans la vie présente et dans la vie future. La faveur dans la vie future, il l’opère par transmission, au moyen des vertus de Concoction et de Coulée chez autrui ; car la Concoction et la Coulée sont inséparables, puisqu’elles sont réciproquement solidaires.

Par quelle Patience et comment per-mûrit-il les créatures ?

18. Si un autre lui fait tort, il le tient pour un bienfaiteur, en supportant jusqu’au bout une offense, même atroce ; sachant les Moyens, par sa patience même contre l’offense, il engage les offenseurs au bien.

Si un autre lui fait tort, il le per-mûrit par sa patience à supporter les injures les plus graves, avec cette idée que c’est un

  1. Dṛḥṣṭadharma, saṃparâya. Termes propres au bouddhisme (pali : diṭṭhadhammo, samparâtyo. — L. 3, au lieu de anâgatena ca lire tena ca avec le ms., et le tib. des na.
  2. Kuçalakarmpatha. Les dix Actes de Bien (M. Vy., § 92) consistent à s’abstenir (virati) des dix péchés capitaux : meurtre, vol, pratique coupable des désirs, mensonge, grossièreté, médisance, bavardage, convoitise, malveillance, opinions coupables.