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CHAPITRE VIII

de l’Au-delà, cest sa nature propre ; quant à son acte, il consiste dans le Rapprochement avec l’Idéal suprême.

Un vers sur la Per-maturation de Limpidité.

3. Connaître les vertus, arriver rapidement à l’Union, jouir du fruit, avoir l’esprit archi-indivisible, c’est là chez le fils des Vainqueurs, l’indice de la Per-maturation régulière pour s’en remettre au Maître.

Cette Per-maturation, elle aussi, est illustrée au point de vue de la raison, de la nature propre, et de l’acte. Sa raison, c’est qu’on connaît les vertus, quand on se dit : C’est lui Bhagavat, le Tathâgata, etc. tout au long. Sa nature propre, c’est l’état archi-indivisible de l’esprit, quand on est arrivé par intelligence à la Limpidité[1]. Son acte, c’est d’arriver rapidement à l’Union et de jouir respectivement des Super-savoirs etc.

Un vers sur la Per-maturation de Paix.

4. Se bien garder, éviter les Discussions souillées, n’avoir pas d’obstacle, se délecter au bien, c’est là chez le fils des Vainqueurs l’Indice de la Per-maturation exacte pour dissiper les Souillures.

Dissiper les Souillures, c’est la Pacification pour le Bodhisattva. Cette Per-maturation, elle aussi, est illustrée au point de vue de la raison, de la nature propre, et de l’acte. Sa raison, c’est qu’on garde bien les organes par la Mémoire et la Pleine-Conscience[2]. Sa nature propre, c’est d’éviter les Conjectures

  1. Au lieu de avetya prabhâvalâbhâd, lire avetyaprasâda° ; d’après le tib. ces nas daṅ. Cf. l’emploi de avecca° en pâli, et spécialement avecca-pasâda, °pasanna ; et v. Wogihara (1908), p. 19, s. v. avetyaprasâda.
  2. Saṃprajanya. Terme commun à tout le bouddhisme (pâli : sampajañña) qui l’accouple en général avec la mémoire (smṛti). Le mot manque au sanscrit classique, mais il est intimement apparenté au terme saṃprajñâta, (= « bien connu »), terme usuel mais qui a reçu une affectation technique dans le Yoga, où saṃprajñâta samâdhi désigne (Yoga-sùtra I, 17) le recueillement accompagné de vitarka, vicâra, ânanda, asmitâ « conjecture, critique, béatitude, ego-sum », c’est-à-dire quand le sujet a une notion parfaite et parfaitement exacte de l’objet de son recueillement. Tandis que la smṛti empêche la fuite (visâra) du « phénomène » (âlambana), le saṃprajanya a pour fonction de connaître cette fuite (XVIII, 53). Le tibétain traduit saṃprajanya par ces bźin « air de connaître «, le chinois par yi « appui » (de la mémoire), ou (XVIII, 53) aussi par tcheng nien « mémoire correcte ».