la théologie au sortir des combats. Des ambassades chinoises, envoyées vers l’Inde, passent par le Tibet, s’arrêtent au Népal en hôtes officiels ; entraîné par la fortune politique du Tibet, le Népal gravite dans l’orbite de la Chine ; il adresse au Fils du Ciel des envoyés et des présents ; une armée de soldats népalais descend même dans les plaines de l’Inde, sous la conduite d’un général chinois, pour venger un affront que la Chine a subi. Des moines chinois viennent s’établir, s’instruire, s’éteindre dans les monastères du Népal.
Cette intensité d’échanges provoque une prospérité inouïe. Les vieilles résidences royales, trop pauvres ou trop mesquines, sont désertées ; des palais s’élèvent qui abritent avec le roi toute une cour de dignitaires ; les couvents, les temples s’embellissent, s’enrichissent, s’accroissent ; la sculpture, la peinture décorent les ouvrages des architectes. L’art du Népal émerveille même les Chinois raffinés. Des villes se fondent ; les capitales sortent de terre coup sur coup. La science encouragée, soutenue par des donations libérales, fleurit ; la royauté donne l’exemple : Aṃçuvarman compose une grammaire sanscrite. Dans les couvents, les moines instruits multiplient les copies des saintes Écritures et des traités canoniques, égayant leur travail austère d’enluminures et de miniatures finement exécutées.
Mais le Népal n’a point de ressources pour se suffire ; privé du mouvement qui le traversait, il entre en décadence. L’Inde est bientôt retournée à l’anarchie ; le Tibet et la Chine engagés dans les guerres continuelles s’affaiblissent l’un et l’autre. Las d’un vasselage qui fausse ses destinées, le Népal se révolte, lutte contre ses maîtres tibétains ; disputé par les influences diverses qui prétendent y prévaloir, le royaume se divise, s’émiette, s’engloutit dans un chaos féodal. Les Liččhavis disparaissent, emportés par la tour-