tions tirées de l’histoire et de la littérature indiennes ; enfin les renseignements amassés par les voyageurs européens depuis le xviie siècle.
Tous ces documents, si divers d’âge, d’origine, de langue, d’esprit, une fois comparés, critiqués et coordonnés, composent un tableau d’ensemble où le regard peut embrasser aisément les destinées d’une peuplade asiatique soumise au contact de l’Inde, pendant une durée d’au moins vingt siècles. À l’aube des temps, le Népal est un lac ; l’eau qui descend des sommets voisins s’endort, captive, au pied des montagnes qui l’enferment. Mais un glaive divin fraie une brèche ; la vallée se vide, le sol s’assèche ; les premiers colons arrivent. Ils viennent du Nord, conduits par Mañjuçrî, le héros de la sagesse bouddhique, qui trône en Chine, et qui s’y manifeste encore aujourd’hui sous les traits du Fils du Ciel. L’âge fabuleux s’ouvre alors ; l’imagination des conteurs népalais n’a pas eu de peine à peupler ce passé lointain, abandonné tout entier à leur fantaisie ; mais leurs inventions, solidaires de la réalité qui les inspire en dépit d’eux, n’aboutissent qu’à reproduire l’histoire dans une sorte de prélude symbolique. Les dynasties qu’ils créent viennent l’une du monde chinois, une autre de l’Himalaya oriental, une autre de l’Inde. Après des myriades d’années où les dieux et les héros légendaires occupent la scène, des personnages plus modestes y font tout à coup leur entrée. Un ermite, le patron et l’éponyme du Népal, installe sur le trône de simples bergers ; c’est l’histoire qui commence, ou du moins les temps historiques. Les Gopâlas, les Abhîras représentent les premiers pasteurs qui s’aventurèrent avec leurs troupeaux dans les herbages solitaires des montagnes. Leurs noms, sanscrits, ne doivent pas faire illusion ; précurseurs des Gurungs et des Bhotiyas qui vivent maintenant dans les hautes alpes du royaume Gourkha, ils venaient comme eux des plateaux