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le postulant et lui remettait un brevet pour l’autoriser à lever une escorte, sans faire d’enquête sur ses antécédents. On créait ainsi un personnel nombreux pour le service. On donnait mission à ces gens d’étendre les communications déjà ouvertes. Or dans leurs voyages d’aller et retour, les cadeaux dont ils étaient chargés finissaient toujours par se perdre, toujours il se produisait un accident. Pour assurer le rendement du service, l’Empereur ordonnait immédiatement une investigation ; les délinquants étaient remplacés, mais on leur laissait la faculté de se racheter par des services exceptionnels. Dans les affaires de cet ordre, on traitait en somme avec douceur d’innombrables manquements à la loi. Quand un fonctionnaire venait à mourir, sa place était immédiatement remplie. On avait classé les pays étrangers en deux catégories : pour les grands pays, les envoyés qui s’y rendaient recevaient des lettres de créance ; pour les petits, on se contentait d’y envoyer de simples assistants. Des rivalités éclataient entre ambassadeurs et chargés d’affaires, tous effrontés, bavards et purs zéros à l’heure de l’action ; tous, usurpant les prérogatives officielles, disposaient à leur choix des présents qui leur avaient été confiés ; ils ne cherchaient qu’à se ménager des affaires avantageuses pour leur profit personnel. Les nations étrangères, de leur côté, se dégoûtaient des envoyés chinois, dont les rapports étaient remplis de désaccords aveuglants. En raison des grandes distances qui les séparaient de l’armée chinoise, ces étrangers se croyaient à l’abri d’une invasion ; ils interdisaient de fournir des provisions aux missions chinoises pour les embarrasser. Les envoyés, réduits aux pires extrémités, avaient recours