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chez les Wou-souen ; il en profita pour organiser avec leur concours bienveillant des missions qu’il envoya au Fergana, à Samarcande, au Ta hia, chez les Ta Yue-tche, pour observer les affaires locales et même pour y intervenir au nom de la Chine ; c’est ainsi qu’il réussit à conclure un traité d’alliance entre le Ta-Wan (Fergana) et les Ta Yue-tche. Il rentra en Chine, accompagné par une mission Wou-souen qui venait offrir à l’empereur les fameux chevaux de race que produisait le pays. Tchang K’ien fut alors créé Voyageur-en-chef ; il mourut bientôt après (vers 118).

Deux fois il avait échoué, à ne considérer que l’objet précis de ses deux missions chez les Ta Yue-tche et chez les Wou-souen. Et pourtant cet explorateur diplomate avait effectivement exercé sur les destinées de son pays et même de l’Asie entière une influence décisive. Son nom est resté légendaire et symbolique. La tradition veut qu’il ait introduit en Chine la plupart des plantes que la Chine ancienne a pu recevoir de l’Occident. Il en avait certainement rapporté au moins deux : la luzerne et la vigne. « Les gens, au Ta wan, sont grands amateurs de vin, et les chevaux de luzerne. Les gens riches gardent en cave jusqu’à dix mille quintaux de vin, et ils le gardent des dizaines d’années sans qu’il se gâte. » L’empereur créa des sortes de jardins d’essai pour répandre les deux nouvelles cultures dans son empire où elles prospérèrent. Mais ce ne sont là que des résultats épisodiques. En voici d’autres, considérables.

Dans son rapport à l’empereur après son premier voyage, Tchang K’ien s’exprimait ainsi : « Quand votre serviteur était chez les Ta hia, il a observé que ces gens ont