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campagne de l’an 123 de brillants résultats. Tchang K’ien fut fait Marquis de Po-Wang. Mais deux ans plus tard, on le rendit responsable de l’échec du général Li Kouang qui, surpris par les Hiong-nou, avait perdu presque toute son armée. Condamné à mort, il fut gracié par l’empereur et seulement dégradé. Cependant l’empereur Wou ti ne se lassait pas d’entendre de la bouche du voyageur le récit de ses aventures. En 121, quand la victoire de Ho K’iu-ping sembla ruiner définitivement le pouvoir des Hiong-nou, porta les armes chinoises loin au-delà de Kharachar, et rangea tout le pays jusqu’au Lop-nor sous le sceptre de Wou ti, Tchang K’ien décide l’empereur à envoyer une mission chez les Wou-souen pour leur offrir en mariage une princesse chinoise avec de riches cadeaux ; au prix de ces avances, on pourrait tenter avec eux la manœuvre qui avait échoué chez les Yue-tche, les décider à retourner sur leur anciens territoires pour couvrir la nouvelle frontière contre les incursions des Hiong-nou. Du même coup, les pays de l’Oxus reconnaîtraient la force chinoise et viendraient payer tribut à l’Empire. Les plans de Tchang K’ien répondaient aux vastes ambitions de Wou ti ; on le nomma Secrétaire et Général, on lui donna trois cents hommes, six cents chevaux, dix mille têtes de bétail, bœufs et moutons, de l’or, de la soie pour une valeur de plusieurs dizaines de millions. Ses assistants même reçurent des brevets impériaux qui les accréditaient près des royaumes lointains. Mais, en arrivant chez les Wou-souen, Tchang K’ien trouva le pays déchiré par des factions rivales, le vieux K’ouen-mo (titre du roi des Wou-souen) sans autorité ; la partie était perdue d’avance. Il resta cependant une année entière