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médecine et de divination. Attiré par les fantaisies du Taoïsme, qui mêlait aux sublimes méditations de Lao-tseu l’alchimie et la magie, il préparait la voie au bouddhisme dans le temps même où les missionnaires d’Açoka travaillaient à la conquête du monde. La légende qui se plaît aux symboles fait arriver sous son règne, à sa capitale, les premiers apôtres bouddhiques. Maître d’une armée immense et disciplinée, il tourne ses forces militaires contre les hordes barbares des Huns, les Hiong-nou, qui menaçaient les frontières septentrionales de l’empire. En 214, il envoya contre eux une expédition de 300 000 hommes, et l’année suivante il entreprenait la réfection de la Grande Muraille pour arrêter leurs incursions désastreuses. Ce révolutionnaire de génie n’eut pas d’héritier. Huit ans après sa mort (202) un fils de cabaretier devenu chef de bande, puis prince de Han, s’installait en souverain incontesté sur le trône impérial et fondait la dynastie des premiers Han qui de la Chine unifiée allait faire désormais une puissance mondiale.

Sous l’empereur Kao-tsou (202-195), sous sa veuve, la vindicative Lu Heou (195-180), la seule souveraine que l’histoire officielle enregistre comme impératrice légitime, sous Wen ti (179-157), sous King ti (156-140) la Chine se rétablit de l’ébranlement formidable qu’elle vient de subir et reprend un équilibre nouveau qui prépare le règne éclatant de Wou ti (140-87). Mais par-delà la muraille, les Hiong-nou ont réparé leurs forces et accru leur puissance. Leurs clans nomades et pillards occupaient la Mongolie ; à l’ouest, deux autres peuples, nomades comme eux, cavaliers comme eux, occupaient la région du Kan-sou actuel :