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tertre hémisphérique (le stūpa bouddhique) avec une étoile au-dessus, l’arbre de bodhi dans une enceinte de palissades. On peut affirmer qu’il a existé, au iiie et au iie siècle avant l’ère chrétienne, une civilisation indo-grecque. Si l’assertion semble hardie, une trouvaille récente en confirme la justesse éclatante. En 1909, le Service Archéologique l’Inde a mis à jour une tracée sur une colonne à Besnagar, près Bhilsa (localité fameuse par ses ruines bouddhiques) à l’extrême sud de l’état de Gwalior, sur la route des ports du golfe de Cambaye au Gange. Et voici ce que porte l’inscription : « Ce pilier à Garuḍa (l’oiseau sacré qui sert de monture à Viṣṇu) du dieu des dieux Vāsudeva a été fait ici par ordre de Héliodore, le Bhāgavata, fils de Diya, homme de Taxile, ambassadeur grec, venu de la part du roi (mahārāja) Antialkidas (Aṃtalikita) chez le roi (rāño) Kāçīputra Bhāgabhadra Sauveur (trātārasôtêr) en l’année quatorzième de son règne. »

Suivent un peu plus bas deux lignes, manifestement de la même écriture : « Trois chemins d’immortalité, si on les suit bien, mènent au ciel : maîtrise de soi, libéralité, attention scrupuleuse. »

Que de lumière concentrée dans ce seul document, qui n’attendait même pas pour être lu l’heureuse chance d’une fouille ! Le pilier était connu et signalé de longue date, mais les caractères avaient disparu sous les couches de pâtes odorantes que, au cours des temps, des pélerins trop zélés avaient étalées à la surface en témoignage de leurs pieuses visites. Chacun des mots, pour ainsi dire, appelle un commentaire, tant ce texte en sept lignes contient d’informations précieuses. Le roi Aṃtalikita représenté par le Grec