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avec toi et de réduire ton incertitude. Et quand le roi Milinda eut entendu le nom de Nāgasena, soudain il fut pris de crainte, de terreur, de frisson. Et le roi Milinda dit à Devamantiya : Ainsi donc Nāgasena le moine est capable de converser avec moi… Il est capable, grand roi, de converser avec les dieux, Indra, Yama, Varuṇa, Kuvera, Prajāpati, les gardiens des mondes, et même avec le grand ancêtre Mahābrahma, juge un peu avec les êtres humains ! Et alors Milinda le roi dit à Devamantiya : Envoie donc un messager au vénérable. — Bien, Sire. Et Devamantiya envoya un messager au bienheureux Nāgasena, pour lui dire : Vénérable, le roi Milinda désire voir le bienheureux. Et le bienheureux Nāgasena parla ainsi : « Qu’il vienne donc ! » Et alors le roi Milinda entouré de cinq cents Grecs (Yonaka) monta sur son char excellent et escorté d’une grande troupe de soldats il se rendit à l’ermitage Sankheyya, où était le bienheureux Nāgasena. » Aussitôt arrivé le roi engage la discussion par un détour de politesse : « Alors le roi Milinda dit au bienheureux Nāgasena : Comment Votre Révérence est-elle connue ? quel est votre nom ? » Et Nāgasena à son tour entre aussitôt dans le vif de la doctrine : « Nāgasena, c’est ainsi qu’on me connaît, grand roi ! Nāgasena, c’est ainsi que me désignent mes compagnons de couvent ; les parents donnent un nom comme Nāgasena ou Sūrasena ou Vīrasena ou Sīhasena ; mais c’est là simplement une manière de parler en usage, c’est pure affaire de pratique, c’est un simple nom que Nāgasena ; il n’est pas de personnalité qui s’y trouve impliquée. » La suite de l’ouvrage tient les promesses d’un pareil début. Le cadre prêtait trop facilement pour qu’on n’essayât pas