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le fils de Candragupta, Bindusāra (que les Grecs désignent sous son nom de panégyrique : Amitrochadès, en sanscrit Amitraghāta « le tueur d’ennemis ») qui demande par lettre à Antiochus de lui expédier, en même temps que du vin doux et des figues séchées, un sophiste habile à parler. Antiochus promit le vin doux et les figues, mais s’excusa pour le sophiste, en alléguant que ce genre d’article n’était pas en vente chez les Grecs.

Le dialogue entre Ménandre et Nāgasena a pour cadre Sāgala, probablement Sialkot, au cœur du Penjab, ville forte et grand entrepôt, « avec des murs et des places et des carrefours bien tracés… grouillante d’éléphants, de chevaux, de voitures, de piétons ; hommes et femmes y sont d’égale beauté ; on y voit des kṣatriya, des brahmanes, des marchands, des çūdra ; sramanes et brahmanes y sont traités avec honneur ; les gens de science y accourent de partout ; les boutiques y regorgent d’étoffes de Kāçī et de Koṭumbara, et de fleurs et de parfums exquis qui embaument l’air. » C’est là que vit Ménandre ; il a obtenu d’y régner en récompense d’un mérite ancien : Jadis sous le Bouddha Kāçyapa, il avait en qualité de novice balayé, tout en rechignant d’ailleurs, la cour d’un couvent. « Or, le novice devint dans le Jambudvīpa, dans la ville de Sāgala, un roi nommé Milinda, savant, disert, intelligent, capable ; il possédait tous les arts libéraux, au nombre de dix-neuf ; il savait discuter comme personne. Dans tout le Jambudvīpa, le roi Milinda n’avait pas son égal en vigueur, en vitesse, en bravoure, en sapience ; il avait une grande richesse de ressources énormes, des soldats et des montures sans nombre. »