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les hauts fonctionnaires, exactement les mandarins (car ce mot qui nous évoque la Chine est un titre sanscrit, mantrin « le conseiller royal »). Cette répartition, remarquable de justesse, était sans doute d’ordre administratif et pratique ; elle ne coïncide pas avec les cadres brahmaniques qui réglementent une société idéale. On reconnaît cependant les quatre castes théoriques du brahmanisme : brahmanes, kṣatriya, vaiçya, çūdra, dans les sophistes, les soldats, les artisans, les cultivateurs avec les pâtres.

Une grande artère, de l’Indus à Pāṭaliputra, traversait l’empire, moyen de sécurité militaire, de police intérieure et d’échanges commerciaux. Des piliers, dressés à chaque demi-lieue, portaient des indications de distance comme nos bornes kilométriques.

Candragupta règne vingt-quatre ans ; la légende des Jainas, isolée, veut qu’il ait abdiqué et fini en ascète. On aime à imaginer cette fin de vie pour cet autre Charles-Quint. Après un long effort d’activité réaliste, si peu conforme au goût dominant de l’Inde, elle symbolise la fatalité d’inertie mystique qui pèse sur la race. Elle annonce aussi, dans une sorte de préfiguration, le petit-fils à qui sa piété devait valoir une gloire durable, que les conquêtes de l’aïeul n’avaient pas réussi à lui assurer.

Bindusāra, le fils de Candragupta et son successeur, s’éclipse dans la splendeur des deux règnes qui l’entourent. Açoka (ou plus exactement Açokavardhana) monte sur le trône impérial vers 270 ; vice-roi du vivant de son père à Takṣaçilā, peut-être aussi à Ujjayinī, il s’était initié au gouvernement des vastes domaines dont il héritait. Il aspira d’abord à les étendre : vers 260, il envoie une expé-