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une chaîne de vaisseaux. Néarque réussit à conduire sa flottille jusqu’au fond du Golfe Persique.

L’édifice improvisé par les armes d’Alexandre s’écroule derrière lui. Il avait repris la route de la Perse, par les sables brûlants de la Gédrosie, en octobre 325. Avant d’atteindre Suse, il apprend que le satrape (nous dirions : le résident général) du Penjab, Philippe, a été assassiné par ses propres mercenaires. Alexandre meurt à Babylone en juin 323. De ses généraux devenus rois, aucun n’ose revendiquer l’Inde. En 317, Eudème, qu’Alexandre avait chargé d’une sorte d’intérim au Penjab, ramène ses garnisons en Susiane. En apparence, rien ne subsiste plus d’une épopée de deux ans. En réalité, c’est une Inde nouvelle qui va surgir de ces décombres.

Les époques troublées, en rompant les cadres de la société régulière, laissent un jeu plus libre aux fortes personnalités. Le premier créateur du premier empire indien, Candragupta le Maurya, est un homme encore tout jeune, ou plutôt un jeune homme d’environ vingt-cinq ans, de naissance obscure, peut-être un bâtard de famille princière ; originaire des pays du Gange, il a dû fuir pour se dérober à une sentence de mort. Hanté de rêves ambitieux, Alexandre l’attire, il se rend au camp macédonien, approche le conquérant, essaie de l’entraîner dans l’Inde orientale, contre les Prasiens (Prācya « Orientaux », de la basse vallée du Gange), qu’il sait faciles à réduire, malgré les 200 000 fantassins, les 80 000 cavaliers, les 8 000 chariots et les 6 000 éléphants dont s’enorgueillit leur fastueux monarque. Alexandre est prêt à l’écouter, à le suivre, mais l’armée épuisée par ses victoires et par le cli-