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dinaire. Il est en littérature la première victime ou le premier artisan du mirage indien. Mais s’il rapporte des fables, il ne les a pas inventées ; elles portent le cachet d’origine indienne. De Darius à Artaxerxès Mnemon, « India capta ferum victorem cepit » ; la cour de Perse a subi le prestige magique de l’imagination indienne.

Dans ce court intervalle, entre Cyrus et Cyrus le jeune (l’un le héros, l’autre le patron de l’Athénien Xénophon), l’Inde venait de passer par une crise de croissance grandiose. Elle avait enfanté deux saints, deux futurs dieux : le Bouddha et le Jina. Elle avait fondé de grands états, précurseurs de prochains empires. La chronologie flotte, mais elle entre déjà dans l’approximation, en voie de se consolider. La tradition de l’église Jaina fixe le Nirvāṇa de son fondateur à l’an 527. La tradition de l’église de Ceylan place le Nirvāṇa du Bouddha en 543. On peut tenter des corrections, substituer au dernier chiffre 477, 412, 370. L’attitude provisoire la plus commode et la plus prudente est de s’en tenir aux traditions tant qu’on n’a rien de sûr à leur préférer. Le centre historique est passé dans la vallée du Gange. La vie du Bouddha commence et s’achève sur la frange de l’Himalaya, juste au nord de Bénarès ; son contemporain et son rival, le Jina, naît et meurt aux environs de Patna, au nord du fleuve. Leurs carrières se poursuivent sur un domaine identique ; leurs biographies se contrôlent. Le cadre assez étroit où elles se déroulent, entre Bénarès et Patna sur le Gange, l’Himalaya au nord, Gaya et Rajgir au sud, reflète sans doute en réduction l’état politique de l’Inde aryenne au temps de la prépondérance perse. Des royaumes, le Magadha, le Kosala, l’Anga,