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son or et ses raretés, s’acheminent vers Persépolis, la Perse envoie à l’Inde ses scribes qui lui apprennent l’écriture, tout au moins les caractères araméens qui fournissent, à peine modifiés, un alphabet pour plus de cinq siècles aux pays de l’Indus (l’alphabet que nous appelons, par application hypothétique d’un terme sanscrit, kharoṣṭhī). Elle lui donne des modèles d’administration, des modèles de formulaire, des modèles d’architecture. D’autre part, les notions réelles et précises sur l’Inde se propagent si rapidement à travers l’empire achéménide que du vivant de Darius un Grec de la côte égéenne, le logographe Hellanicos de Milet (549-486), enregistre dans son ouvrage (perdu, mais connu par des citations) une liste de peuplades indiennes. Les contingents indiens embrigadés dans l’armée de Xerxès (Gandariens, Dadikes, Paktyes, Indiens) passèrent sans doute trop vite pour provoquer des échanges. Avant la fin du ve siècle, vers 420, Hérodote est assez informé pour écrire une admirable notice sur l’Inde où se retrouvent intégralement la solidité, la sûreté, la sagacité du Marco Polo d’Halicarnasse. Il signale la variété des populations, les unes nomades, les autres sédentaires, la multiplicité des idiomes, la richesse du pays, attestée par un tribut annuel de 360 talents d’or payé au trésor de Darius. Trente ou quarante ans après lui, un autre Grec d’Asie Mineure, Ctésias de Cnide, médecin de la cour perse sous Artaxerxès Mnemon (le vainqueur de Cunaxa) est en état de composer un livre sur l’Inde, les Indika. L’ouvrage est perdu, mais les nombreuses citations conservées et le résumé donné par le patriarche byzantin Photius trahissent surtout le goût du merveilleux et de l’extraor-