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Aussi les Chinois, si fiers de leur civilisation et si méprisants pour les « barbares » qui les entouraient, témoignent pour la Sérinde d’une admiration constante. Dès le temps des Tsin Occidentaux (265-316) les Annales notent que, à Koutcha, « le palais du roi a la splendeur d’une demeure de génie ; …les stūpa et les temples s’y comptent au nombre d’un millier environ ». Au temps de l’expédition de Lu Kouang (383-384), qui ramena en Chine Kumārajīva parmi les captifs, « la ville de Koutcha était aussi grande et aussi belle que la capitale impériale, percée de huit grandes rues bordées de bâtiments fort élégants et agréables ; le palais du roi était magnifique ». Le pélerin Fa-hien, qui visite Khotan en 399, retrouve la ville « heureuse et florissante » ; tous sans exception y honorent la Loi. Les moines des deux Véhicules s’y comptent par myriades. Le couvent de la Gomatī, du Grand Véhicule, en a trois mille. Partout l’ordre et la tenue sont irréprochables. Une notice rédigée entre 373 et 396, écrite sur un manuscrit du Bhikṣuṇīprātimokṣa venu de Koutcha, décrit en détail les couvents de ce pays : « Le royaume de Kiu-yi (Koutcha) a des monastères très nombreux ; la décoration en est magnifique. Le palais du roi a des statues du Bouddha en pied, ciselées, comme un monastère… Les religieuses de trois des couvents sont en général des femmes ou des filles de rois ou de princes, à l’est des Ts’ong-ling (Pamir) ; elles viennent de loin dans ces monastères. Elles ont une règle fort sévère… Sauf les trois supérieures, elles n’ont pas de sorties. Song-Yun, pélerin et chargé de mission, qui prend en 518 le chemin du Sud par Chan-chan et Khotan, décrit avec admiration le temple de P’i-mo, à 300 li à l’est de Khotan (Uzun-tati) où l’on adorait la fameuse statue du Bouddha