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rencontre, le poignard à la main. Le roi vivement pressé fit quelques pas en arrière et remonta l’escalier ; puis, se baissant il saisit cet homme pour le livrer aux magistrats… Tous les rois demandèrent qu’on exterminât cet homme. Mais le roi, sans laisser percer dans ses traits la moindre colère, défendit qu’on le mît à mort. Il l’interrogea lui-même en ces termes : Quel mal vous ai-je fait pour que vous ayez commis un tel attentat ? » Le coupable prétend qu’il s’est laissé entraîner par les brahmanes, jaloux des faveurs que recevaient les moines bouddhiques. « Ils avaient lancé une flèche incendiaire qui avait mis le feu à la tour espérant que, par suite des efforts qu’on ferait pour éteindre le feu, la foule se disperserait en désordre, et ils voulaient profiter de ce moment pour tuer le roi. »

L’observateur perspicace qu’était Hiuan-tsang avait deviné à des indices de ce genre, l’approche d’une catastrophe. Un songe qu’il eut pendant qu’il résidait à Nālandā montre bien les préoccupations confuses qui le hantaient. « Les cellules étaient vides et désertes, et les cours sales et infectes étaient remplies de buffles qu’on y avait attachés ; on n’y voyait plus ni religieux ni novices. Le maître de la Loi [Hiuan-tsang] vit… au quatrième étage d’une tour un homme de couleur d’or, et dont le visage grave et sévère répandait une lumière éclatante. Transporté d’une joie intérieure, il voulut monter ; mais ne trouvant aucune voie pour s’élever jusque-là, il pria ce saint personnage de daigner s’abaisser et de l’amener jusqu’à lui. Celui-ci lui dit : Je suis le Bodhisattva Mañjuçrī [le patron du bouddhisme chinois], vos péchés passés ne vous permettent pas encore de venir. Alors étendant la main et lui indiquant un point au-delà du couvent : Regardez cela, lui dit-il. Le