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sixième partie de leur récolte. Les marchands qui poursuivent le lucre vont et viennent pour leur négoce. Aux gués des rivières, aux barrières des chemins, on passe après avoir payé une légère taxe. Lorsque le roi entreprend quelque construction, il n’oblige pas ses sujets à travailler gratuitement. Il leur donne un juste salaire proportionné au travail qu’ils ont fait. Les militaires gardent les frontières ou vont combattre l’ennemi ; d’autres montent la garde, la nuit, dans les postes du palais. On lève des soldats suivant les besoins du service, on leur promet des récompenses et l’on attend qu’ils viennent s’enrôler. Les gouverneurs, les ministres, les magistrats et les employés reçoivent chacun une certaine quantité de terres et vivent de leur produit… Les Indiens, quoiqu’ils soient d’un naturel léger, se distinguent par la droiture et l’honnêteté de leur caractère. En fait de richesses, ils ne prennent rien indûment ; en fait de justice, ils font des concessions excessives ; ils redoutent les châtiments de l’autre vie. Ils font peu de cas des professions industrielles. Ils ne se livrent point au vol ni à la fraude et confirment leurs promesses par des serments. La droiture est le trait dominant de l’administration ; les mœurs sont douces et faciles. » Et Hiuan-tsang note avec la même surprise que Fa-hien la douceur des peines appliquées aux coupables.

Aussi, loin d’être stérile pour la littérature, la période de Harṣa en est une des époques les plus brillantes. Et qu’on ne s’attende pas à y voir figurer des chants de guerre, des épopées belliqueuses, même un écho lointain de tout cet appareil militaire où semblent s’absorber les forces du pays ; ce serait là méconnaître gravement l’Inde. Elle avait pu ressentir et même traduire en nobles créations un senti-