Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Pāṇḍya, libérés de la menace du Pallava, lui ont dû la prospérité.

Il ne faut pas se méprendre, d’ailleurs, à ces listes de guerres et de combats. Sous le règne d’un Harṣa ou d’un Pulikeçin, ces expéditions étaient plutôt bienfaisantes que funestes au pays ; c’étaient des opérations de police qui servaient surtout à imposer ou à maintenir l’ordre dans une féodalité turbulente et oppressive. Dès que la main du maître cessait de se faire sentir, les querelles, les ambitions, les jalousies des rājas locaux recommençaient à désoler la contrée. La description du pays, telle que la trace Hiuan-tsang après avoir visité l’Inde presque tout entière, évoque jusque dans les détails, la vision quasi-paradisiaque qu’en avait rapportée Fa-hien d’un séjour plus court et d’un voyage moins étendu à l’époque des Gupta. « Comme tous les règlements administratifs respirent la bienveillance, les affaires de l’État sont peu compliquées. Les familles ne sont point portées sur des registres civils, et les hommes ne sont assujettis à aucune corvée. Le produit des terres de couronne se divise en quatre parts : la première sert à fournir aux dépenses du royaume et les grains des sacrifices ; la seconde, à constituer des fiefs aux ministres et aux membres du Conseil d’État ; la troisième, à récompenser les hommes qui se distinguent par leur intelligence, leur savoir, leurs talents ; la quatrième part sert à faire des œuvres pies et à donner des aumônes aux diverses sectes hérétiques. C’est pourquoi les taxes sont légères et les impôts modérés. Chacun garde en paix l’héritage de ses pères ; tous cultivent la terre pour se nourrir. Ils empruntent des semailles au champ du roi et paient en tribut la