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keçin a eu lui aussi la chance de rencontrer un panégyriste digne du héros. Un poète de sa cour, Ravikīrti, qui se pique d’avoir égalé en réputation les plus grands des classiques, Kālidāsa et Bhāravi, a fait graver, en 634-5, sur le mur d’un temple jaina qu’il avait fait élever, une inscription où il célèbre les hauts faits de son maître : le document, si précieux pour l’histoire, mérite aussi de compter parmi les chefs d’œuvre de la poésie officielle ; malheureusement les effets de style, allitérations, doubles sens, calembours etc. sont impossibles à rendre. Il faut nous résigner à en extraire brutalement les faits. Pulikeçin, d’abord attaqué par deux princes voisins, Āppāyika et Govinda, avait mis en déroute le premier et gagné l’alliance du second ; puis il avait assiégé et pris Vanavāsi (Banavasi dans le Mysore) sur la rivière Varadā (Warda), soumis les Ganga et les Ālupa (côte orientale), les Maurya (côte du Konkan), Purī sur le bord de l’Océan Occidental, le Lāṭa, le Mālava, le Gurjara (Kathiawar, Malva, Guzerate). « Harṣa découragé par la perte de ses armées d’éléphants tombés dans la bataille, Harṣa a cessé d’être Harṣa (harṣa = joie), lui dont les pieds, lotus, avaient si longtemps rayonné sous les feux des diadèmes de ses vassaux, éclatante légion prosternée devant lui. » Les Mahārāṣṭraka (Mahrattes) avec leurs quatre-vingt-dix-neuf mille villages ont dû le reconnaître pour suzerain ; les Kalinga et les Kosala ont été saisis de terreur : la forteresse de Piṣṭapura (Pitthapuram en Orissa) n’a pu résister ; le roi Pallava de Kāñcī (Conjeveram) qui avait voulu faire échec à sa grandeur a dû se cacher derrière les murs de sa capitale ; les Cola, les Kerala,