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collaboration avec les docteurs taoïstes ». Un travail qui associait deux confessions rivales dans l’interprétation d’un texte obscur ne pouvait aller sans froissements ; néanmoins la traduction semble avoir été achevée, mais il est douteux qu’elle soit jamais parvenue à destination.

Tel était l’allié véritablement digne de lui que Harṣa trouvait au début de sa carrière. Fondée sur une communauté intelligente d’intérêts et de goûts, cette alliance persista à travers toutes les vicissitudes. Dans la procession que Hiuan-tsang vit se dérouler à Kanyakubja en 642, les deux rois encadraient la statue en or du Bouddha. « Le roi Çilāditya (Harṣa), tenant un chasse-mouches blanc, marchait à droite sous le costume d’Indra ; le roi Kumāra, portant un parasol d’étoffe précieuse, marchait à gauche sous le costume de Brahma. Tous deux portaient des tiares divines d’où descendaient des guirlandes de fleurs et des rubans chargés de pierres précieuses. On avait équipé en outre deux grands éléphants qui suivaient le Bouddha, chargés de corbeilles de fleurs rares qu’on répandait à chaque pas. » Et quand Hiuan-tsang reprit peu après le chemin de la Chine, « les deux rois avec une suite nombreuse, l’accompagnèrent à une distance de plusieurs lieues ».

Lors de son entrée en campagne, Harṣa disposait de cinq mille éléphants, de vingt mille chevaux et de cinquante mille fantassins. Six ans plus tard, après une série de guerres incessantes où les éléphants restaient toujours sellés, les hommes toujours cuirassés, Harṣa « était devenu le maître des cinq Indes. Ayant agrandi son territoire, il augmente encore son armée ; le contingent des éléphants fut porté à soixante mille, celui de la cavalerie à cent mille. Au bout de trente ans seulement les armes se reposèrent,