Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.

spontanément au nouveau roi son amitié loyale. L’alliance était de haute valeur pour l’adversaire de Çaçānka, roi du Bengale. Le royaume de Kāmarūpa, sur le Brahmapoutre, adossé aux chaînes qui ferment l’Inde vers l’Est, menaçait le Bengale par le cours inférieur du Gange, tandis que Harṣa descendait le fleuve ; pays d’épaisses forêts et de pluies torrentielles, il nourrissait d’immenses troupeaux d’éléphants sauvages, excellents à la guerre, qui allaient grossir les forces de Harṣa. Pays étrange au surplus, qui forme un contraste frappant avec le Gandhāra, son pendant à l’autre bout de la frontière. Poussé comme un coin dans la masse de l’Asie Antérieure, iranienne ou hellénisée, le Gandhāra est le carrefour actif des grandes civilisations. L’Assam, au contraire, acculé à un massif montagneux, presque impénétrable, enveloppé de peuplades plus qu’à demi sauvages du groupe tibéto-birman, est le cul-de-sac où viennent s’éteindre, bien affaiblis déjà, les derniers échos de la civilisation indienne. Et pourtant — l’appel de l’homme à l’homme est toujours si fort — malgré l’éloignement, malgré les difficultés, malgré les dangers, à défaut d’une route praticable, une chaîne continue d’échanges avait relié de longue date à la Chine ces cantons perdus de l’Inde. Tchang K’ien avait signalé ce courant commercial dès le iie siècle avant l’ère ; les Han s’étaient efforcés de reconnaître et d’ouvrir le chemin. L’auteur du Périple de la mer Érythrée connaît un entrepôt de marchandises chinoises aux bouches du Gange. La dynastie locale, de son côté, se préoccupait de l’empire lointain dont les produits pouvaient apporter la richesse dans le pays. Dès que la notoriété du pélerin Hiuan-tsang se répand dans la vallée du Gange, le roi d’Assam s’empresse de prendre les devants