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dans le réservoir inépuisable des steppes, un autre groupe s’organise qui va créer un nouvel empire au centre de l’Asie les Turcs (Tou-kiue) vont succéder aux Huns. La Chine travaille à sortir de l’anarchie et se rapproche de l’unité impériale qu’elle va réaliser en 589 avec les Souei, précurseurs des T’ang. En Perse, Khosrou Anouchirvan (Chosroès I, 531-579) restaure la fortune des Sassanides, ramène la victoire, la paix, la prospérité ; il a épousé la fille d’un khagan turc, et, grâce aux alliés que son mariage lui a valus, il écrase les Hephthalites en 557 ; son pouvoir s’étend alors vers l’Est sur Caboul et Ghazni, et Bactres, et même, si on en croit les auteurs arabes, sur le Cachemire et Serendib (Ceylan). Dans le même temps, Justinien règne à Byzance (527-565), triomphe des Vandales et des Ostrogoths. La cause de la civilisation semble sauvée. Mais l’âpreté de la concurrence économique et des passions religieuses suscite de nouveaux périls. Le commerce de la soie, qui a développé un trafic intense entre l’Extrême-Orient et l’Occident, oppose Byzance à la Perse. Justinien travaille à détourner de la Perse un mouvement d’échanges qui enrichit ses adversaires ; il réussit à se faire apporter jusque dans sa capitale des œufs de vers à soie, dissimulés dans le creux d’un bâton, au rapport de la légende, soit par des moines venus de « la Sérinde, où la population est pour la plus grande part composée d’Indiens », soit par un Perse venu de la Chine ; mais les premières fabriques sont loin de répondre aux besoins. Il cherche à se mettre en contact avec les Turcs qui répondent à ses avances avec le secret espoir de réveiller la guerre toujours prête à éclater entre les deux grands empires. Une ambassade turque arrive à Byzance en 567, tandis qu’une autre se rend chez Chosroès