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jamais revenir ; ses soldats étaient épuisés et son peuple accablé ; les cent familles gémissaient et étaient mécontentes. Song Yun se rendit au camp pour y communiquer le texte de l’édit impérial. Le roi se montra sans égards et sans politesse ; il resta assis pour recevoir l’édit impérial. Song Yun considérant qu’il était un barbare lointain qu’on ne pouvait astreindre à la règle, toléra son insolence et ne put encore lui adresser des reproches. Le roi chargea un interprète de dire à Song Yun : Votre Excellence a traversé divers royaumes et passé par des chemins difficiles. N’êtes-vous point fatigué ? Song Yun répondit : Mon souverain apprécie fort le Grand Véhicule et fait chercher au loin les livres saints et les règles. Quoique la route soit difficile, je n’oserai point me dire épuisé. Votre Majesté est en personne à la tête de ses trois armées ; elle se tient au loin sur un territoire de la frontière, le froid et le chaud se sont succédé tour à tour ; il est impossible que vous ne soyez pas à bout de force. Le roi répliqua : Je ne parviens pas à soumettre un petit royaume ; cette question de votre Excellence me fait honte. » Song Yun attend une meilleure occasion, et quand il est devenu assez familier avec le roi, il reprend la question laissée en suspens : « Pourquoi Votre Majesté est-elle seule à ne pas se prosterner ? Le roi répondit : Si je voyais en personne le souverain de la dynastie des Wei, je me prosternerais ; mais si, lorsque je reçois sa lettre, je reste assis pour la lire, qu’y a-t-il là d’extraordinaire ? Quand des hommes reçoivent une lettre de leur père ou de leur mère, ils restent tout naturellement assis pour la lire. (Le souverain de) la grande dynastie Wei est pour moi comme un père et comme une mère ; je reste assis pour lire sa lettre ; il n’y a rien là d’extraordi-