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Pérou sont des Indiens aussi bien que les riverains du Gange. Mais l’analogie entre l’Égypte et l’Inde s’évanouit au premier examen : la basse vallée du Nil s’ouvre à la latitude la plus septentrionale du Deccan ; Alexandrie est plus septentrionale que Delhi de 2 degrés. En outre, par le cours de son fleuve, l’Égypte est tout entière attirée dans une seule direction, la direction du nord, vers cette Méditerranée si complaisante à la navigation côtière, aux courtes traversées, plutôt un lac qu’un océan, et toute bordée de pays variés, de races diverses, fondues en dépit d’elles-mêmes dans une œuvre commune de civilisation. Entre tous ces traits caractéristiques, aucun ne convient à l’Inde. Il n’est pas surprenant que les Hindous aient pu se croire les seuls et uniques auteurs de leur propre civilisation, tout les invitait à admettre cette croyance flatteuse.

Dans l’ordre religieux, qui domine et embrasse toutes les autres manifestations de la vie à l’époque ancienne, et même à l’époque contemporaine, l’Inde est originale. On peut dire que, les Hébreux mis à part, aucun peuple n’a été doué au même point du génie religieux. Comme Jérusalem est le berceau des croyances qui ont conquis l’Asie Antérieure, l’Europe, et le Nouveau Monde, Bénarès est le foyer toujours ardent d’où ont rayonné les apôtres qui, de proche en proche, ont converti tout l’Extrême-Orient, Chine, Corée, Japon, Indochine, Insulinde, et l’Asie Centrale, et même les marches orientales de l’Europe jusqu’à la Volga. L’Inde a créé, 500 ans avant le Christ, une religion universelle ouverte à tous les hommes : le bouddhisme. L’Inde a aussi sa religion nationale, et là, une fois de plus,