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à étayer la fortune branlante de sa race, il a passé les trois veilles de la nuit sans autre couche que le sol de la terre et a ainsi vaincu les Puṣyamitra, et les rois ont servi d’escabeau à ses pieds… Avec son père monté au ciel, la splendeur de la dynastie avait disparu ; de ses bras puissants, vainqueur des ennemis, il l’a rétablie, et s’écriant : C’est la victoire ! il s’est élancé joyeux vers sa mère qui pleurait de joie, comme Kṛṣṇa triomphant avait fait pour Devakī… Quand il s’est rencontré en bataille avec les Huns (Hūṇa), la terre a tremblé dans ses bras, tant la secousse était formidable. » Dès 457 il avait si bien consolidé son pouvoir que le littoral entre l’Indus et la Narmadā, le « Beau Pays » (Surāṣṭra) conquis jadis par son grand père était rentré sous sa domination. Un lieutenant du gouverneur qui administrait la province au nom de Skandagupta réparait à son tour ce réservoir de Girnar où tant de générations avaient déjà laissé leur empreinte, et, sur le rocher historique d’Açoka et de Rudradāman le Satrape, il gravait une inscription commémorative, cette fois tout entière en vers, et qui montre une nouvelle étape du développement de l’Inde ; après les grandes leçons de morale transcendante du iiie siècle avant l’ère, après le récit élégant et substantiel du iie siècle après l’ère, l’Inde du dernier des Gupta, au lendemain d’une crise où elle faillit sombrer, ne présente plus qu’une mise en œuvre raffinée de thèmes banals et de formules creuses, avec une mythologie vide de foi, sinon de croyance. Le fonctionnaire, Cakrapālita, fils du gouverneur Parṇadatta, est un adorateur de Viṣṇu ; à l’occasion du travail exécuté, il dédie un temple à son dieu. Mais son acte d’adoration est une flatterie de courtisan ; en célébrant