Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Tsin Occidentaux qui rétablissent pendant quarante ans (265-316) l’unité de l’empire comptent parmi leurs traducteurs un homme remarquable, Fa-hou (Dharmarakṣa) l’Hindou, un Yue-tche né et élevé en Chine, qui a visité les pays occidentaux et connaît trente-six langues. Ses traductions sont au nombre de cent soixante-quinze, dont quatre-vingt-dix subsistent.

La triste période des Seize Royaumes (304-438) où la Chine est morcelée et disloquée, produit le plus grand des traducteurs, le plus savant, le plus fidèle au sens de l’esprit, le mieux doué, un des plus actifs : Kumārajīva (344-413). Sa biographie romanesque est un raccourci saisissant de la période où il vit : « C’était un homme du T’ien-tchou (Inde) ; sa famille y exerçait par droit héréditaire les fonctions de ministre d’état. Son grand-père était un homme hors du commun ; il avait une grande réputation dans le royaume. Son père était intelligent autant que vertueux. Au moment de recueillir la succession de ses aïeux, il y renonça et il entra en religion. Il partit vers l’Est et passa les Ts’ong-ling [Pamir]. Le roi de Koutcha qui savait quelle dignité il avait refusée, sortit de sa capitale pour aller à sa rencontre et le pria d’être son chapelain (purohita). La sœur du roi, âgée de vingt ans, était d’une intelligence insigne ; de tous les royaumes on l’avait demandée en mariage. Mais quand elle le vit, elle voulut l’avoir pour mari et on le contraignit à se marier. Elle conçut. Des signes merveilleux manifestèrent chez la mère la grandeur de l’enfant qu’elle devait mettre au monde L’enfant reçut le nom de Kumārajīva, du nom de son père : Kumāra, et de sa mère, Jīvā… Mère encore une seconde fois, la princesse