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nique locale, un fils et une fille d’Açoka y auraient apporté l’enseignement du Bouddha et y auraient organisé les premières communautés. Le roi de Ceylan porte à cette époque le même titre royal que les empereurs Maurya ; il est « le chéri des dieux » (devānaṃpiya). Bientôt les grands travaux se multiplient, œuvre d’ingénieurs ou d’artistes, tels que l’Inde nous les a déjà montrés : digues, réservoirs, aménagement de cavernes, couvents grandioses, palais somptueux que la sculpture et la peinture s’appliquent à décorer. Des invasions venues du continent, et surtout du littoral voisin, ne troublent guère que l’ordre dynastique, et de fait enrichissent le pays d’apports nouveaux. Aux environs de l’ère chrétienne, le roi Vaṭṭagāmanī réunit une sorte de concile comme fait Kaniṣka dans le Nord-Ouest. De part et d’autre, on procède de même façon, sous une inspiration identique. « Les religieux de grande intelligence, raconte la Chronique, avaient jusque là transmis de bouche à bouche les Trois Corbeilles et l’explication ; mais à voir dégénérer les créatures, les moines s’assemblèrent ; pour assurer la durée de la Loi, ils l’écrivirent dans les livres. » La langue adoptée pour les textes sacrés était tenue naturellement pour la langue authentique du Bouddha ; on l’appelait, de son prétendu pays d’origine, la māgadhī ; c’est ce qu’on appelle aujourd’hui le pali. En réalité c’est un dialecte aryen apparenté au sanscrit, apporté par les premiers apôtres qui partaient sans doute des ports entre Cambaye et Surate. Ptolémée connaît déjà le nom moderne, qu’il note Siela, et qui tend déjà à remplacer l’ancienne désignation de Taprobanê (sanscrit Tāmraparṇī, pali Tambapaṇṇi) ; il est si bien informé qu’il