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la foi, l’ouverture de routes nouvelles, le déplacement du trafic, les Lieux Saints authentiques se trouvèrent graduellement désertés au profit des concurrents mieux situés ; là encore, c’est la science moderne qui par ses recherches et ses découvertes renoue la chaîne rompue des traditions oubliées.

Le panégyriste de Samudragupta ne voit dans l’ambassade de Ceylan qu’un hommage rendu à la puissance de son maître. À distance nous y découvrons davantage : l’unité de l’Inde, désormais complète. La géographie officielle de l’Inde Britannique consacre une erreur désastreuse en isolant Ceylan « colonie de la Couronne », de l’Inde, territoire impérial gouverné par un vice-roi. Ceylan achève et dans une certaine mesure corrige l’Inde. Cette masse continentale, en contact avec la mer par une ligne de côtes peu propices et sur la moitié seulement de sa périphérie, a besoin d’opposer à ses vastes étendues terriennes du nord et du centre la grande île qui lui est si étroitement reliée et qui s’avance dans l’Océan comme pour marquer le carrefour des grandes voies qui sillonnent l’immensité de l’Océan Indien, entrepôt de transit de trois des parties du monde : Afrique, Asie, Océanie, et qui dans son histoire touffue voit défiler presque toutes les nations. Solidaire de l’Inde, elle l’est à tel point qu’elle semble en réfléchir les étapes dans un cadre réduit. La tradition veut qu’elle ait reçu de l’Inde ses premiers colons l’année même où le Bouddha entrait dans le Nirvāṇa ; quoi qu’il en soit, la civilisation indienne y domine au temps d’Açoka. Le souverain Maurya, qui ne la compte pas dans son empire, se flatte d’y avoir propagé son influence pieuse ; à en croire la chro-