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sage savent qu’un vrai Rajpoute approche du type idéal de la beauté classique, peau blanche, carnation rose — le Rajpoute est rouge dans la classification indigène, — traits fins, majesté de l’expression, dignité du geste. Les théosophes ont eu l’occasion de recevoir dans leurs petits cénacles mystérieux quelques brahmanes du Bengale, noirs de cheveux, noirs d’yeux, le teint sombre, presque noir en contraste avec le vêtement blanc où ils se drapent, la face fine, le regard enflammé, la parole ardente et inspirée. Pauvre petite carte d’échantillons d’une collection sans rivale, qui s’étend jusqu’au sauvage de la jungle, Bhil, Gond, Tharou, Naga, à peine vêtu d’un bout de pagne, armé d’un grand arc, chasseur de gibier ou de baies forestières et souvent à son tour gibier des grands fauves. Tous ces types, croisés par l’effet d’un long voisinage, passent par des gradations insensibles de l’un à l’autre. Pour introduire un peu d’ordre dans cette confusion désespérante, le langage reste le témoin le plus clair, s’il n’est pas le plus probant. Ici, nous avons des matériaux solides. Le Gouvernement de l’Inde a créé un Service Linguistique, en réalité l’œuvre personnelle de Sir Georges Grierson, qui devrait servir d’exemple au monde entier. Ce service a compté, relevé, étudié dans l’Inde propre — à l’exclusion de Ceylan qui, comme colonie de la Couronne, est en dehors de l’administration de l’Inde — 179 langues et 544 dialectes. L’ensemble se divise essentiellement en quatre grandes familles : Aryens, Dravidiens, Tibéto-Birmans, Austro-Asiatiques. Le groupe aryen réunit toutes les langues apparentées d’origine au sanscrit, et par conséquent aux langues de l’Europe classique et chrétienne ; ce seul groupe comprend plus de