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qui ont offert en présent des jeunes filles (pour le harem), qui ont sollicité des brevets d’investiture timbrés du Garuḍa royal : Daivaputra, Șāhi, Șāhānusāhi (les Kuṣaṇa dont on reconnaît les titres), Çaka, Muruṇḍa, Siṃhala (Ceylan), etc.

À ces faits précis le poète ajoute un éloge des qualités du roi où, faute de connaissances précises, les allusions trop délicates restent lettre close pour nous ; un heureux hasard nous vaut une exception. Dans un passage où il vante les dons poétiques du roi, Hariṣeṇa (c’est le nom du panégyriste) proclame que le talent musical de Samudragupta fait rougir de honte Tumburu et Nārada, les musiciens du ciel. Une série de monnaies d’or représente en effet Samudragupta assis à l’aise sur une sorte de sofa et jouant de la lyre. D’autres monnaies, également en or, portent l’image d’un cheval avec la légende : « Le triomphe (attesté) par le sacrifice du cheval (açvamedha) », et, dans le protocole officiel de ses successeurs, Samudragupta est régulièrement célébré comme « le restaurateur du sacrifice du cheval, depuis longtemps aboli ». Nous avons déjà vu, après la chute des Maurya, la réaction brahmanique remettre en valeur ce vieux rite, où survivent des pratiques d’une grossièreté répugnante, et qui consacre les droits du souverain qui l’offre à s’affirmer le suzerain de l’univers. Une statue de cheval en pierre, d’un travail rude et d’un aspect archaïque, découverte dans le nord du pays d’Oudh et qui porte une inscription votive malheureusement mutilée (mais certainement en pracrit) semble commémorer le sacrifice qui couronne les campagnes de l’empereur Gupta, postérieurement au panégyrique sans doute, puisque Hari-