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grecs viennent par hasard pour débarquer dans ces localités, on les envoie sous bonne garde à Barygaza. »

Les Tables Géographiques de Ptolémée compilées vers 150 apr. J.-C., marquent le point culminant de la connaissance de l’Inde dans l’antiquité. Ptolémée utilise surtout les matériaux réunis par son devancier, Marin de Tyr, mais pour le compléter ou le corriger il a interrogé lui-même les marins et les marchands d’Alexandrie, satisfait dans son goût d’exactitude mathématique s’il réussit à noter avec plus de fidélité même les prononciations locales. Dominé par ses conceptions théoriques d’astronome et de calculateur, Ptolémée aboutit à fausser gravement la forme de l’Inde et des pays de l’Extrême Orient ; erreur féconde, puisqu’en prolongeant démesurément vers l’est la côte asiatique, elle a décidé Christophe Colomb à chercher vers l’ouest le chemin des Indes. Mais, toute inexacte qu’elle est dans son tracé, la carte de l’Inde dressée par Ptolémée est surprenante de richesse : mers, golfes, fleuves, rivières, montagnes, nations, villes s’y inscrivent à profusion ; Ptolémée dispose d’itinéraires assez nombreux et assez précis pour fixer loyalement les coordonnées de chaque point. Nous avons pu voir en passant quels secours l’histoire même de l’Inde trouve dans cet admirable monument de la science grecque. C’est aussi par Ptolémée seul que nous apprenons l’expansion de la civilisation hindoue dans l’Indochine et dans l’Insulinde. Le littoral du Pégou, la presqu’île de Malacca sont bordés de comptoirs hindous ; Java a reçu des colons hindous ; les derniers établissements rencontrés par le navigateur Alexandre (l’informateur de Ptolémée pour cette région) avant d’atteindre la Chine