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vers le nord-ouest et les passes au-delà de l’Indus. Désormais la route de terre, encore capitale pour les invasions, ne compte qu’à peine pour le commerce. L’axe de l’Inde devient normal au pays ; il passe par la transversale est-ouest, dans le sens que la nature indiquait par le cours des fleuves et l’orientation des vallées.

Pline l’ancien, qui périt dans l’éruption du Vésuve en 78 apr. J.-C., insiste à plusieurs reprises sur la nouveauté des renseignements qu’il apporte sur l’Inde : « C’est maintenant, déclare-t-il, que pour la première fois l’Inde s’ouvre à notre curiosité. » « Les noms des peuplades, des ports, des villes fortes que je cite ne se rencontrent chez personne avant moi. » « À Muziris, au moment où j’écris, règne le roi Calobothras (ou Calebechonas). » Amiral de la flotte romaine, il suit avec passion les progrès des connaissances maritimes ; il saisit et note la portée économique des transformations auxquelles il assiste. « L’Inde draine par an plus de 10 millions d’or de l’empire romain, elle envoie en retour des marchandises qui se paient cent fois leur valeur. Déjà, le millet de l’Inde s’exporte depuis dix ans en Italie. » Malheureusement son érudition indigeste et fiévreuse se plaît à déverser pêle-mêle des informations de toute main sans critique et sans distinction.

Le Périple de la mer Érythrée, écrit vers la même époque, est au contraire un travail exclusivement pratique ; c’est le parfait manuel du capitaine et du marchand pour les échelles de la mer Rouge et de l’Océan Indien ; œuvre unique dans l’ensemble de la production grecque, sans aucune prétention littéraire ou savante, mais d’une précision et d’une exactitude qu’on ne se lasse pas d’admirer.